Pour un cessez-le-feu qui tienne à Hodeida


Le Jeudi 13 décembre, Antonio Guterres , secrétaire général de l’ONU annonce un cessez-le-feu immédiat après les premières négociations sur la guerre au Yémen, conclues par un accord partiel limité au port d’Hodeida

J’ai coutume de dire qu’un cessez-le-feu “immédiat” ne tient jamais, pour la bonne raison qu’il est violé immédiatement, ce qui permet à chacun de rejeter la responsabilité sur l’autre.

Un cessez-le-feu “immédiat” est généralement révélateur de l’absence de connaissance sérieuse de ce qui est nécessaire à l’instauration d’un cessez-le-feu.

Il y a de tout dans les cessez-le-feu: des “immédiat”, des “unilatéraux”, des “définitifs”. Il arrive que certains tiennent, mais cela se fait rare.

Finalement le cessez-le-feu immédiat du 13 décembre a été remplacé par une trêve entrée en vigueur à minuit dans la nuit du lundi au mardi 18 décembre. Cela permet de commencer par effacer 5 jours pendant lesquels il n’y a pas eu de cessez-le-feu respecté et d’adoucir l’objectif: nous sommes théoriquement dans une trêve qui a l’avantage de tolérer des “bavures”.

Les quelques éléments communiqués sur le sujet par l’ONU permettent de savoir que quelques observateurs ont été envoyés en urgence ainsi que que quelques conseillers afin de tenter d’organiser les services de sécurité locaux.

Cela peut-il réussir ?

OUI si certaines conditions sont réunies :

  • Définir une coordination locale et centralisée dans un PC opérationnel qui va entretenir les relations avec les composantes locales,
  • Avoir une cellule diplomatique internationale capable de joindre directement les commandements au plus haut niveau : la coalition saoudienne, le gouvernement du Yémen et le commandement rebelle des Houthis,
  • Définir un moyen de rendre les forces de sécurité locales homogènes, cohérentes et respectées par les 2 parties (principalement par des formations et des actions communes et probablement la création d’un camp de toile où les forces de sécurité vivent de façon permanente),
  • Recruter des forces de sécurité à partir des combattants locaux pour tenter de faire disparaitre les éléments armés et les reconvertir soit en forces de sécurité soit dans d’autres missions civiles nécessaires sur place

Si effectivement ces conditions sont réunies, cela pourrait devenir un cessez-le-feu. Comme l’espace géographique est limité, c’est atteignable avec peu de moyens.

20 décembre 2018

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