Il est important de lire d’abord la Méthodologie de présentation du “Cycle des Guerres” par contexte afin de comprendre comment sont présentés les résultats et ce qu’ils signifient
En quoi ce contexte contribue-t-il à démontrer le « Cycle des Guerres » ?
77% de ces guerres (7 sur 9) se déclenchent durant les phases d’amplification
Le contexte Guerres en Europe contribue à démontrer le « Cycle des Guerres »
Analyse de l’Europe à partir des données de contexte
Place de l’Europe dans le “Cycle des Guerres”
Après le conflit israélo-arabe, le contexte Europe est le second cas remarquable. Ces 2 phases géographiques et leurs guerres sont les piliers de la démonstration et de l’utilisation du “Cycle des Guerres”.
L’Europe doit être considérée comme l’espace géographique qui s’étend de l’Atlantique aux limites de la Russie. C’est à dire l’espace couvert par l’UE, l’OTAN et les pays candidats à ces institutions. Dans ce contexte ont été prises en compte les guerres qui se déroulent en Europe. La guerre des Malouines a aussi été déclenchée durant une phase d’amplification mais n’a pas été représentée puisqu’elle ne se déroule pas en Europe. De même pour la crise de Suez en 1956 et la Guerre du Golfe en 1990. Nous pourrions ajouter d’autres guerres dans lesquelles les européens ont été engagés qui vérifient le « Cycle des Guerres », mais cette version Europe a choisi la sobriété sur un critère simple : les guerres conventionnelles qui se sont déroulées en Europe (géographiquement).
Il y a de nombreuses variantes possibles dans le contexte Europe, comme ajouter les principales guerres de l’Europe avec le monde extérieur. Ce contexte des guerres conventionnelles se déroulant sur le sol européen est intéressant parce qu’il filtre naturellement les guerres. Prendre en compte toutes les autres guerres européennes demande de ne prendre que quelques guerres et peut être considéré comme plus discutable, puisque l’auteur décide d’y mettre l’une ou l’autre guerre.
La démonstration du “Cycle des Guerres” à partir du contexte européen est plus compliquée que dans le cas du conflit israélo-arabe, et ce pour plusieurs raisons:
- Il ne s’agit pas d’un seul conflit récurrent qui est la base de ce contexte mais la complexité relationnelle entre les acteurs européens qui peut provoquer des conflits récurrents différents dans le temps. Il y a eu le conflit récurrent Franco-Allemand comme il y a maintenant un conflit récurrent avec la Russie qui s’exprime sous des formes diverses ( Géorgie, Ukraine, ….)
- Dans la phase actuelle où le “Cycle des Guerres” reste à démontrer, il est nécessaire d’avoir des événements non contestables, c’est à dire des périodes où il y a très peu de guerres, et si possible au moins une guerre par phase d’amplification, et pas de nouvelle guerre durant une phase d’atténuation. C’est le cas depuis les années 90. Avant les années 60, il y avait beaucoup de guerres entre les européens et le reste du monde. Ce sont les guerres majeures qui ont été retenues pour ces périodes où il y avait beaucoup plus de guerres, mais le fait de choisir quelques guerres considérées comme majeures donne l’impression que l’auteur introduit un biais par son choix. Le fait de limiter le contexte européen aux guerres conventionnelles se déroulant sur le sol européen permet de faire un filtre naturel sur les guerres européennes.
Actuellement, depuis 1990, chaque phase d’amplification du “Cycle des Guerres” donne lieu à une guerre (qui peut être multiple dans le cas de la désintégration de la Yougoslavie), et il n’y a pas eu de nouvelle guerre qui démarre durant les phases d’atténuation. Le périmètre géographique de ces guerres est toujours le même : dans le périmètre de l’ex-Bloc socialiste (intégrant l’URSS et les pays socialistes comme la Yougoslavie).
- 1990 : Désintégration de la Yougoslavie et ses multiples guerres
- 1999 : guerre du Kosovo
- 2008 : guerre de Géorgie
- 2014 : Annexion de la Crimée par la Russie et Guerre en Ukraine
- 2022 : guerre Russie-Ukraine
Pendant presque 45 ans (1945 à 1990), sur ce contexte des guerres en Europe, il n’y a pas eu de guerre conventionnelle sur le sol européen malgré le partage et l’antagonisme Est-Ouest, puis la désintégration des blocs socialistes a fait réapparaitre des guerres qui se déclenchent presque systématiquement durant les phases d’amplification.
Prévisions 2022-2026 autour du pic de 2024
Dans les lignes qui suivent, vous trouverez l’état de la prévision au 30 décembre 2021. Elle est recopiée ci-dessous pour rappeler ce qu’il était possible de prévoir avant le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine.
Prévision mise à jour le 30 décembre 2021 – Début
Il est probable (de 80 à 90%) qu’il y aura une guerre durant cette période. La période la plus probable étant 2023-2025.
Cette guerre sera :
- Soit une escalade d’un conflit en cours ou dormant (Ukraine, Géorgie … ou conflit potentiel déjà identifié au sein de l’OSCE)
- Soit un nouveau conflit qui serait amplifié durant cette période (comme ce fut le cas pour le conflit ukrainien qui ne préexistait pas avant 2013 mais donne l’impression d’avoir été amplifié par ce phénomène en 2014)
Très vraisemblablement :
- Ce sera dans un pays de l’ex-bloc socialiste (au sens large, URSS et Yougoslavie et autres pays socialistes)
- Il y aura une composante russe indirecte ou directe
……..
Sans évolution géopolitique, nous pouvons déjà imaginer les tensions et les guerres vers 2024, de même type que celles que nous avons connues en 2008 et 2014, probablement à plus grande échelle.
Prévision mise à jour le 30 décembre 2021– Fin
Après le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine :
Cette guerre s’est déclenchée juste avant la phase d’amplification, ce qui n’est pas bon signe. Le « Cycle des Guerres » n’apporte pas d’information sur la conduite des opérations et sur l’issue des opérations militaires. Le pic d’amplification est en 2024, ce qui peut donner lieu à une aggravation ou une crise permanente de plusieurs années. Il faudra beaucoup de volonté et d’imagination pour trouver un nouvel équilibre Europe-Russie après cette guerre.
Il y a, en complément du « Cycle des Guerres », un phénomène important qui explique le comportement de la Russie depuis 2014. Le phénomène de « Retour du passé » est important. Le Retour, de la chute du mur de Berlin et de la désintégration de l’URSS de 1989, a commencé en 2014. C’est un « retour inverse » qui fait qu’au fur et à mesure du temps la Russie se reconstruit et se réaffirme comme si elle était redevenue l’URSS ou une puissance équivalente. Ce que nous voyons en 2022 en est l’aboutissement presque délirant : la Russie se prend pour l’URSS, agit en tant que telle, et provoque un retour global de toute l’Europe et la Russie à une époque où les relations étaient minimales entre l’URSS et le monde occidental et la tension perceptible sur tout sujet. A l’intérieur de la Russie, les réflexes reviennent à ceux de l’URSS, tant dans la censure que la restriction des libertés que dans la démesure des objectifs. A l’extérieur se reconstruit l’antagonisme de la guerre froide. Ce phénomène de « Retour inverse » est ce qui guide inconsciemment la Russie d’aujourd’hui.
La guerre Russie-Ukraine de 2022 et l’Horloge de l’Inconscient
Cette guerre implique à la fois le « Cycle des Guerres » , la « Théorie du Retour » et quelques autres applications en gestation comme le « parallélisme de l’histoire »
Guerre Russie-Ukraine et « Cycle des guerres »
Cette guerre commence un peu avant la phase d’amplification mais est considérée comme confirmant le « Cycle des Guerres ». Nous attendions une guerre durant la phase d’amplification 2022-2026 et il y en a une. La guerre qui était attendue pouvait être un réveil d’un conflit existant comme la Géorgie ou l’Ukraine ou un autre conflit dormant de l’ex-périmètre socialiste de l’Europe, mais de plus grande ampleur. C’est le cas. Si vous voulez voir le détail de ce qui était prévu, reportez-vous au texte “Y a-t-il un Phénomène Cyclique qui favorise les guerres ? ” dans la version du 23 janvier 2022 qui contient l’analyse Europe mise à jour le 30 décembre 2021. Cette mise à jour était minime, la structure et la guerre attendue durant cette période étant déjà décrites depuis plusieurs années.
Guerre Russie-Ukraine et « Théorie du Retour »
La Théorie du Retour dit qu’un événement ayant marqué l’inconscient collectif ( ex : une guerre) peut être revécu à un multiple de 3085 jours (8ans et 5 mois) à + ou – 2 ans. Quand ce retour a lieu, il peut donner lieu à la mise en cause de l’événement d’origine ou à sa confirmation (quelquefois même les deux en même temps)
En l’occurrence, le revécu de la crise et guerre 2014 est un premier retour. D’habitude les premiers retours sont peu marqués mais peuvent donner lieu à des changements importants. Exemple : le premier retour de la guerre du Kosovo a conduit à l’indépendance du Kosovo (confirmation de la volonté d’indépendance initiale ainsi qu’à l’abandon de la tutelle exercée et du lien qui avait été reconnu avec la Serbie = à la fois la mise en cause de l’événement initial dans le rattachement à la Serbie et la confirmation de la volonté d’indépendance).
Ce retour du passé de 2014 fait donc office d’amplificateur, exprimé officiellement par la justification d’un régime néo-nazi qui semble quelque peu inventé mais correspond bien à la justification donnée en 2014, ainsi que par la confirmation de l’indépendance des républiques séparatistes. ( autre cas où nous trouvons à la fois la mise en cause de l’événement initial – le changement de pouvoir ukrainien – et la confirmation de la mise en cause de la souveraineté ukrainienne sur plusieurs territoires ukrainiens)
Guerre Russie-Ukraine et parallélisme inverse de l’histoire
Les événements de 2014 et les nouvelles craintes des pays de l’est comme les pays baltes ont été interprétés comme un retour de 25 ans de la chute du mur de Berlin de Novembre 1989 ainsi que de la désintégration progressive de l’URSS. Retour inverse à l’événement d’origine.
Tout le monde sait que Poutine n’a pas accepté la fin de l’URSS et que toute occasion de restaurer une grandeur passée serait bonne et trouverait en lui une justification suffisante pour aller dans ce sens.
Ce retour du passé de la désintégration de l’URSS est inverse. Au lieu de désintégrer à nouveau la Russie, il provoque une réaffirmation progressive similaire à l’URSS et peut aller jusqu’à se prendre et se comporter comme l’URSS, ce qui est le cas en 2022. Mais sur le long terme la Russie ne peut pas être une puissance comme l’URSS : elle a des faiblesses structurelles et une absence de projet international autre que sa propre puissance. La Russie n’est plus dans l’internationale socialiste des peuples, mais dans l’internationale des autocrates et dictateurs, ce qui n’a pas le même impact auprès de tous les pays. Les autocrates et dictateurs ne manqueront pas de chercher un soutien auprès de la Russie. L’ensemble de ces alliances donnera-t-il un avenir à la terre pour régler ses problèmes pressants ? Probablement non.
En 2022, le pouvoir Russe se prend pour l’URSS et agit comme l’URSS : tant sur le plan intérieur, avec la censure et une répression sans faille, que sur le plan extérieur avec une opération contre un pays « frère » que l’URSS elle-même n’aurait pas démenti et à une échelle inconnue dans ce qu’a fait l’URSS. Jamais l’URSS n’a bombardé et détruit aussi sauvagement l’un des pays socialistes de l’Europe de l’Est. La Russie a lancé sur l’Ukraine une guerre inimaginable tant pour notre époque que pour l’époque de l’URSS. Ce retour du passé est accompagné d’un comportement similaire entre la Russie et les pays occidentaux que celui d’autrefois entre l’URSS et les pays occidentaux : une quasi rupture sur tous les fronts, autant médiatique qu’économique. Quand la Russie arrêtera-t-elle de se prendre pour l’URSS ? La défaite de l’opération militaire en Ukraine, telle qu’elle était prévue, pourrait marquer la fin de ce retour inverse: la grandeur restaurée de la Russie va en prendre un sale coup et pour longtemps.
Nous avons donc plusieurs éléments différents de l’Horloge de l’Inconscient contribuants à l’analyse de cette guerre:
- Le Cycle des Guerres
- le retour de 2014 et le retour de la désintégration de l’URSS conduisant à sa réaffirmation en tant que grande puissance
A tout cela nous devons ajouter des facteurs propres au pouvoir russe et à Poutine
Quel rôle jouent la gouvernance Russe et Poutine dans l’amplification et la démesure de la guerre Russie-Ukraine ?
Des observateurs du pouvoir russe font remarquer que la pandémie de COVID-19 a complètement transformé le pouvoir russe et Poutine. Poutine est solitaire et n’a plus de système de décision collégial. Les protocoles mis en place l’ont éloigné de tout le monde.
De plus, tous les proches se contentent de lui répéter ce qu’il attend. Poutine est coupé du monde réel avec un système d’information qui ne lui permet plus de savoir le détail de ce qui se passe. Ses réflexes naturels de rejet de tout problème sur les autres et l’occident contribuent à son propre aveuglement.
En parallèle, Poutine se prétend historien et a passé beaucoup de temps sur l’histoire de l’Ukraine et Russie au point de conclure que l’Ukraine n’a jamais existé autrement que par la Russie.
Nous constatons que la gouvernance de l’armée sur le terrain ne correspond pas à l’image que s’en fait Poutine. Que ce soient les bombes à sous-munition ou les bombardements aveugles et meurtriers, même des hôpitaux, c’est une réalité que le pouvoir russe dénie. Que maitrise-t-il exactement ?
Quelles seront les conséquences de la Guerre Russie-Ukraine sur les institutions européennes ?
- OSCE : incapable de régler un conflit, d’empêcher ou de mettre fin à une guerre. Entre recréer un autre organisme et mener une réforme de fond, quelle solution pour un organisme qui n’a servi à rien, si ce n’est montrer son incapacité à anticiper et régler quoi que ce soit
- OTAN : si dans un premier temps la guerre contre l’Ukraine renforce l’OTAN, la suite pourrait faire diverger les objectifs des européens et de l’alliance. Poutine a réussi à redonner vie et renforcer une institution qui était moribonde et sur le déclin. Que restera-t-il de la grandeur de l’OTAN quand la réalité montre qu’elle est incapable d’empêcher une invasion d’un pays européen, même en étant au courant 5 mois avant qu’elle ne soit effective? Se croire non concerné par la guerre Russie-Ukraine est une mauvaise analyse de ce qui va se passer après. Si l’OTAN n’était pas directement impliquée dans la guerre Russie-Ukraine, la non défaite de l’Ukraine amorce une autre voie européenne que celle de l’OTAN. Le pilier de la future défense européenne pourrait se construire autour de l’Ukraine qui a réussi ce que personne n’aurait imaginé: c’est plus que tenir tête à la Russie.
- UE ? Il faut attendre si les mesures économiques contre la Russie auront l’effet escompté ou si elle se termineront par un effet boomerang et une super crise économique conséquence de la guerre et des réponses apportées à cette guerre.
Dans tous les cas, cela pourrait être le moment de penser à des institutions qui coordonnent l’ensemble des pbs européens et pas seulement l’un ou l’autre problème dans un organisme différent. Il n’y a pas de gouvernance globale européenne.
Conclusion sur le Cycle des Guerres appliqué à l’Europe en 2022-2026
La première guerre européenne attendue de la période 2022-2026 a commencé. Les risques de guerre restent importants durant la phase d’amplification des guerres qui ne fait que commencer. L’Occident réagit fortement sans réaliser que les guerres qu’il a menées ces dernières années (Kosovo, Afghanistan, seconde guerre du Golfe en 2003, Bombardements et destructions en Libye) étaient assez semblables à ce que nous voyons en Ukraine : bombardements massifs et plus ou moins contrôlés. Combien de morts civils durant la guerre en Irak ? Environ 200.000 morts civils depuis le début de la guerre de 2003, dont plus de 100.000 morts dans les années qui ont suivi directement l’invasion américaine. Quelle que soit l’horreur de la guerre en Ukraine, nous n’atteindrons jamais ce chiffre, même si dans les 2 cas la guerre a été justifiée sur des mensonges d’Etat et même si les mensonges d’aujourd’hui sont pires que ceux d’hier. Au moins, en Irak des bénévoles ont pu rendre compte de ces morts (Iraqbodycount.org). Là-bas, en Ukraine, ce ne seront que mensonges et difficultés à faire admettre une vérité historique dérangeante.
Les mécanismes identifiés dans l’Horloge de l’inconscient contribuent-ils à cette folie humaine ? C’est la question actuelle la plus importante même si la réponse n’est qu’une page blanche : nous constatons une influence mais nous ne savons pas encore comment elle est possible.
mis à jour le 5 avril 2022