Gilets jaunes et motivations inconscientes


Une méthode issue de la « Théorie du Retour » permet d’analyser les motivations inconscientes d’un événement. Pour le faire, on prend la date de déclenchement de l’événement et on recherche toutes les occurrences passées de cet événement suivant la cyclicité de la « Théorie du Retour » qui est de 3085 jours. Cela permet de faire le lien « en relatif » avec un ou des événements passés.

En France, on considère que les événements suivants sont liés par des « retours » ( au sens « Théorie du Retour »). Ces événements sont remarquables entre eux comme étant à une occurrence ( de 1 à 3) de 3fois l’occurrence de base de 3085 jours (C’est à dire 25, 35 ans, qui est la fréquence de base des retours les plus probables .. à + ou – 2 ans). (Si on prend comme base l’événement de la libération de la France de 1944 on s’intéresse aux occurrences d’environ 25 puis 50 puis 75):

  • la Libération de la France commençant le 6 juin 1944
  • La révolte de mai 1968 commençant le 22 mars 1968 (+25 ans à + ou – 2ans)
  • les grèves de 1995 commençant le 24 Novembre 1995 (+50 ans à + ou – 2 ans)
  • L’événement des gilets jaunes se déclenchant le 17 Novembre 2018 (+75 ans à + ou – 2 ans)

Quand on prend la date du déclenchement des gilets jaunes du 17/11/2018, on constate que la révolte de mai 1968 s’est déclenchée en relatif à moins d’un mois. Cela signifie que l’influence inconsciente de mai 1968 est très forte.

Par contre les grèves de fin 1995 sont à 28 mois en relatif, ce qui est théoriquement en dehors des résurgences probables ( qui vont jusqu’à 24 mois).

La libération de la France de 1944 est à 18 mois en relatif. Il peut y avoir une influence sur l’aspect violence et volonté de renverser le pouvoir mais elle n’est pas la plus forte des influences.

La relation entre le mouvement des gilets jaunes et mai 1968 n’est pas évidente. Mis à part l’implication très forte des forces de l’ordre, il y a beaucoup de choses différentes et d’analogies discutables. Comme en 1968, le mouvement des gilets jaunes ne s’est pas structuré et il risque de n’en rester pas plus que le mouvement de 1968 qui ne s’est pas structuré au point de survivre et dont aucune opposition n’a réellement bénéficié.

Pourquoi les mouvements de 1968 et 1995 ont-ils trouvé un dénouement rapide ?

En 1968 il y a eu les négociations de Grenelle, la dissolution de l’Assemblée Générale et la remise en cause du mandat du président par le biais d’un référendum annoncé par de Gaulle: des éléments forts par rapport au pouvoir et suffisants pour déstabiliser la contestation globale.

En 1995 il y a eu des décisions pour dissocier la grève SNCF du plan Juppé. La fin de la grève SNCF en cédant sur leurs exigences a mis fin au mouvement et en sauvegardant l’essentiel du Plan Juppé. L’action forte et volontaire sur une des composantes a suffi pour revenir à la normale.

En 2018-2019, rien de tout cela. A aucun moment le pouvoir ne s’est remis en cause au point de remettre en jeu son mandat, pas plus à l’assemblée nationale qu’à la présidence. Il y a eu des mesures partielles, certes, mais soit décalées ( arrivant trop tard) soit d’effet faible ou carrément décalées par rapport à la contestation : le Grand débat s’est adressé essentiellement à une autre population que celle impliquée dans les gilets jaunes. Les mesures ont été jugées trop partielles et tournant autour du problème et des interlocuteurs: insuffisant pour dégonfler ce conflit comme cela l’avait été en 1995 ou 1968.

Et maintenant ? Refaire ce qu’il aurait fallu faire est trop tard. Céder à nouveau devant la casse démesurée du samedi 16 mars ne ferait qu’accentuer la faiblesse de l’Etat.

Par contre, le pouvoir en place devrait être un peu plus sérieux sur la réduction du train de vie de l’Etat. C’est un mauvais message que d’augmenter les dépenses de l’Etat sans avoir trouvé des mesures de réduction du train de vie de l’Etat. C’est probablement le vrai échec du pouvoir en place en France. Il fait de la communication ou fait de la mousse sur les événements mais n’aborde aucun des problèmes de fond. Poser démagogiquement la question à la population sur les dépenses qu’il faudrait réduire sans proposer une analyse préalable est simplement le signe que le pouvoir en place ne maîtrise pas son sujet, malgré tous les spécialistes de l’administration en ses rangs.

Par exemple, dans le privé, pour les retraites il faut équilibrer les retraites versées par rapport aux cotisations en cours des retraites sur les actifs; dans l’État, comme il n’y aucune cotisation de retraite versée par les fonctionnaires, on ne recherche pas l’équilibre mais on puise sans restriction dans le budget de L’État. Qui osera et pourra mettre à plat les dépenses de L’État ? A priori, pas plus le pouvoir actuel que les précédents.

Les baisses de cotisations et de charges de L’État ont pour le moment été compensées par de nouvelles taxes ou charges continuant à augmenter la pression globale: c’est ce qui ressort des analyses extérieures disponibles. Il n’y a pas de réduction du train de vie de l’Etat visible objectivement.

17 mars 2019


Pourqui

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