Que retenir du 7 Octobre sur le plan sécuritaire ?


Le 7 octobre 2023 a été pour Israël un événement semblable au 11 septembre pour les américains.

Dans les deux cas, il y a eu une fuite en avant militaire qui ressemble plus à un carnage vengeur qu’une vraie guerre.

Dans les deux cas, cet événement a justifié l’injustifiable. Cela a duré plus de 2 ans pour les américains, avec des guerres multiples : Afghanistan, Irak, etc, etc. L’Etat de droit a subi quelques entorses volontaires (Guantanamo par exemple)

Combien de temps cela durera-t-il pour les israéliens ? Impossible à dire pour le moment. Ils ont perdu tout sens critique depuis un an et semblent incapables de prendre le moindre recul.

Au nom de la guerre en cours, l’Etat d’Israël a oublié de faire une commission d’enquête en posant la question : « Pourquoi les services de renseignement et de sécurité ont-ils été défaillants? »

Si les services de sécurité israéliens avaient fonctionné, il y aurait probablement eu moins de 100 morts et nombre des horreurs constatées ce jour-là n’auraient pas eu lieu. Les réactions auraient-elles été différentes ? Probablement, mais les israéliens sont incapables de se poser une telle question et d’en débattre.

Quelles ont été les failles des services de sécurité israéliens conduisant au 7 Octobre?

Elles sont multiples et de nombreuses réflexions, ailleurs qu’en Israël, ont été et sont menées:

  • non exploitation des renseignements qui ont paru invraisemblable,
  • surestimation de son importance et de son aspect dissuasif,
  • mise en place d’un système de surveillance technique sans relais et vérification humaine,
  • aucune force de sécurité d’astreinte pour intervenir dans les minutes suivant tout incident
  • démotivation des réservistes pour des raisons politiques discutables

Combien de temps faudra-t-il pour que les israéliens nomment une commission d’enquête et convergent vers une conclusion déjà avancée par des acteurs externes ?  » Les services de sécurité et l’armée n’ont pas été en mesure d’empêcher un événement qui aurait pu être minimisé. Aucune arme sophistiquée n’a été utilisée par les assaillants. Tout au plus quelques armes qui se trouvent dans n’importe quel service de sécurité et une volonté claire de transformer un tel événement en un événement guerrier violent et cruel, sans respecter la moindre loi relative aux guerres ».

Cela ne change rien à l’horreur et au traumatisme engendré par le 7 Octobre, mais aurait pu amener les israéliens à agir autrement.

Les israéliens se poseront-ils un jour la question de savoir si 1400 morts justifient plus de 50.000 morts et si cela justifie aussi de détruire 70% de tous les bâtiments de Gaza, sans oublier les hôpitaux détruits, la pénurie alimentaire entretenue et bien d’autres choses encore ?

Et si les 1400 morts n’avaient été que 100 morts si les services de sécurité avaient fonctionné, cela aurait-il changé ?

Un jour, oui, ils se poseront la question, mais ce n’est pas demain la veille.

Pour le moment, la guerre continue, sans perspective autre qu’une victoire totale qui reste hypothétique.

Naej DRANER

ND2024-1001, le 1° Novembre 2024

Naej DRANER est un analyste. C’est un architecte de solution politico-sécuritaire qui se limite à ce rôle d’architecte. Ses analyses sont généralement une préparation à ce que pourrait être le jour d’après et une solution à court, moyen et long terme. Pour construire une maison, il faut un architecte, mais il faut aussi un entrepreneur. N.D n’est pas un entrepreneur et ne peut avoir une influence que s’il s’allie à un entrepreneur pour réaliser et mettre en œuvre une solution politico-sécuritaire adaptée.