Une expérimentation est:
- soit une étude appliquée
- soit un essai pratique de faire avancer un conflit ou un problème politique sur une étape
Des prévisions faites en application des éléments connus de l’Horloge de l’inconscient que ce soit à partir de la « Théorie du Retour » ou du « Cycle des Guerres » sont considérées comme une expérimentation.
Une participation à l’obtention d’un cessez-le-feu peut être considéré comme une expérimentation.
Quels sont les sujets et conflits sur lesquels il peut y avoir expérimentation ?
Naej DRANER intervient généralement en tant qu’architecte d’une solution. Il peut indiquer ce qu’il faut faire pour arriver à un objectif donné. Le fait de reprendre l’analyse faite par l’architecte de la solution et d’appliquer les recommandations indiquées aboutit à une expérimentation.
Il n’y a pas de structure capable de négocier directement avec les parties prenantes d’un conflit. Il y a juste le minimum pour faire retransmettre une proposition et tenter de la faire appliquer et vérifier le résultat obtenu.
Pour que l’architecte puisse travailler, il faut:
- avoir des informations disponibles en langue française ou anglaise, soit directement soit indirectement. Ces informations doivent permettre de suivre l’évolution de la situation du conflit de façon précise,
- avoir un moyen de transmettre aux acteurs concernés le résultat de l’analyse de l’architecte et d’obtenir qu’ils l’appliquent, que ce soit partiellement ou complètement, si possible après une revue commune. Une application partielle sans consulter l’architecte sur la partie appliquée revient à vider l’expérimentation de toute sa substance: on ne sait pas ce qui est expérimenté,
- qu’il y ait un ou des négociateurs ou acteurs locaux capables d’utiliser les propositions de l’architecte et de travailler avec lui pour converger et aboutir au but recherché.
En principe, on pourrait faire des expérimentations sur tout conflit et sujet, puisqu’on peut toujours créer des réseaux pour recueillir les informations nécessaires et on peut créer un réseau capable de joindre les acteurs nécessaires ( que ce soient les organismes en charge du règlement du conflit, les équipes de diplomates ou les pays directement concernés par le conflit).
En pratique, l’aspect budget limite les expérimentations aux sujets pour lesquels les informations sont déjà disponibles.
Quel est l’intérêt de multiplier des expérimentations ?
L’intérêt principal est de pouvoir faire des essais, les faire valoir et capitaliser l’expérience acquise, qui devient disponible pour d’autres acteurs.
Est-ce bien réaliste de prétendre expérimenter ?
Mais il y a un hic. Les diplomates ne sont pas des scientifiques et sont plus préoccupés d’avoir une posture et un rôle que de faire valoir la justesse d’idées vérifiées par des expérimentations.
Du coup, nous n’avons pas de témoins qui disent clairement ce qui a été proposé pour expérimenter, jusqu’à confirmer que les propositions d’expérimentation sont bien parvenues aux acteurs du conflit, et nous n’avons aucun récit ou confirmation de ce qui a été fait.
Si, par hasard, une expérimentation voulue réussit, elle sera invisible et il sera impossible de la faire valoir sans des témoignages crédibles. Rien que de demander à un diplomate d’écrire ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait est très compliqué: il en est presque indigné. Les apparences sont en général plus importantes que la réalité: c’est le monde quotidien de la diplomatie.
Il n’y a pas d’organisation institutionnalisée, juste quelques personnes qui peuvent relayer quelques idées mais sans être capables ( ou sans vouloir) faire le suivi et apporter des témoignages fiables sur ce qui a été réellement fait.
En conséquence, la crédibilité des expérimentations est faible, pour ne pas dire simplement qu’elles sont imaginaires ( il ne faut pas se voiler la face, le déni a des formes multiples qui sont quasi institutionnalisées: la rigueur ne fait pas partie des critères d’embauche des diplomates).
Pour le moment, nous avons au mieux quelques hasards qui ne sont même pas présentés sous une forme crédible par manque de témoignages de ceux qui auraient permis leur transmission et réalisation.
Que devrait comporter une expérimentation pour être utilisable ?
Elle devrait comporter:
- les hypothèses de départ
- les participants
- une revue des hypothèses
- ce qui devait être fait ( texte expliquant ce qui doit être fait)
- ce qui a été réellement fait ( au minimum un bref récit des participants)
- un résultat objectif de l’évolution de la situation
- un bilan et sa mise à disposition
- un débat contradictoire sur l’expérimentation ou une évaluation externe
Jusqu’à ce jour, il n’y a jamais eu quoi que ce soit qui ressemble à une expérimentation complète.
Faut-il avoir le pouvoir pour expérimenter ?
La plupart des personnes risquent de répondre par l’affirmatif. Le fait de faire la guerre ou la Paix est considéré comme un signe de pouvoir. Quand on regarde les faits, ceux qui ont le pouvoir ne sont pas en mesure de faire la paix. S’ils savaient comment faire, cela pourrait les aider. S’ils ne savent pas, leur pouvoir est insuffisant pour aboutir à un résultat.
Si on avait une vraie méthode pour aboutir à la paix, le fait de présenter et utiliser une méthode ne nécessite pas forcément le pouvoir.
Si quelqu’un savait faire la paix, le fait qu’il soit considéré comme un conseiller « méthode » pourrait suffire pour expérimenter.
Mais ce n’est pas si simple: tout pouvoir aime laisser croire que les conseils qu’il utilise sont sa marque et refuse que le conseiller ait sa vie propre. Montrer et démontrer une méthode sera perçu comme une forme de pouvoir ou de contestation d’un pouvoir qui n’a pas réussi à résoudre quoi que ce soit, mais on pourrait aussi n’y voir qu’une méthode et y arriver sans avoir initialement aucun pouvoir. Par contre, il faudra de tout façon que la méthode soit admise par les différents interlocuteurs pour qu’elle aboutisse, ce qui revient à dire qu’il faudra le faire avec l’assentiment des différents pouvoirs en place. Au minimum la méthode devra être tolérée, mais si la méthode n’est jamais présentée et confirmée officiellement, elle ne pourra jamais être reconnue et utilisée en tant que méthode.
Il y a donc une ambiguïté et une rivalité avec les pouvoirs en place qui peuvent empêcher d’aboutir ou de faire reconnaître les faits.
Si l’expérimentation était réussie, serait-elle reconnue?
Probablement NON. Un pouvoir en place, quel qu’il soit, ne tolère pas qu’un conseiller apparaisse comme LE décisionnaire. Les pouvoirs en place accepteront que le conseiller agisse s’il est tellement discret qu’il n’existe pas et qu’il ne fasse d’ombre à personne. La reconnaissance de ce qui a été fait sera compliquée et il pourrait devenir fou ou être présenté comme fou s’il réussissait quelque chose.
Un exemple ?
Un exemple est en construction, tant comme étude que comme sujet potentiel d’expérimentation : voir Conflit Ukraine
31 Octobre 2020