Il est aujourd’hui difficile d’avoir des données objectives qui reflètent l’intensité de la violence quotidienne en Ukraine dans l’Est du Pays, dans cette région appelée Donbass.
Rappelons que depuis 3 ans le Donbass est supposé être en “cessez-le-feu”. Et depuis 3 ans il n’y a jamais eu une seule semaine qui puisse être considérée comme un cessez-le-feu complet.
Même si les media n’en parlent que très peu, ailleurs qu’en Ukraine, c’est une guerre qui reste active, même si le niveau de violence est relativement bas.
La difficulté est qu’aucun des acteurs ne donne de mesures objectives de l’intensité du conflit journalier et surtout ne donne aucune image dans le temps permettant de se faire une idée si c’est plus ou moins fort qu’il y a quelques semaines.
L’armée ukrainienne publie tous les jours un communiqué indiquant le nombre d’attaques recensées la veille et les faits marquants de la journée de la veille. Ce sont les “Attaques UA”. Le communiqué du matin correspond à l’état de la veille.
L’OSCE, à travers le SMM ( observateurs OSCE) publie tous les soirs de la semaine du lundi au samedi un rapport sur la base des données de la veille au soir. Leur rapport a 24h de retard alors que le communiqué de l’Armée Ukrainienne n’a que quelques heures de retard. Ce rapport indique s’il y a plus ou moins de violations et d’explosions que la veille mais ne donne aucune indication dans le temps. Les données ne semblent pas exploitées ou du moins ne sont pas publiées comme si personne ne se souciait de donner une vue dans le temps.
Un comparatif a été fait ces derniers jours sur les données publiées par l’Armée Ukrainienne et par l’OSCE sur la période du 17 août au 17 septembre, afin d’évaluer la cohérence et la pertinence des données, autant que possible ( l’OSCE donne des données de 19h à 19h & l’armée ukrainienne donne des données sur une journée complète, mais cette incohérence temporelle n’a pratiquement aucun effet).
Que pouvons-nous conclure de cette étude comparative?
- Les informations ne sont pas cohérentes: le nombre d’attaques publié par l’Armée Ukrainienne n’a pas beaucoup de rapport avec le nombre d’explosions constatées. Exemple: le 31 août et le 1° septembre il y a eu très peu de violations de cessez-le-feu et d’explosions. Le nombre d’attaques de 20, tel que publié par l’armée ukrainienne ces jours-là, ne reflète pas ce niveau particulièrement bas de violence ( C’était presque un cessez-le-feu même si les jours qui ont suivi n’ont pas confirmé ce bon résultat).
- Le niveau moyen de violence depuis le cessez-le-feu du 25 août est plus bas que celui de la semaine qui a précédé ce cessez-le-feu de la rentrée.
- Les fluctuations de violence depuis le 25 août restent fortes: il est arrivé plusieurs fois qu’il y ait plus de 200 explosions par jour , et on ne prend même pas en compte les armes légères, les balles traçantes, etc. Le cessez-le-feu reste “fictif”.
- Il y a probablement un groupe qui agit pour que les variations soient aussi fortes d’une journée à l’autre. Cela ne semble pas correspondre au SMM qui est très passif. Le groupe qui agit n’est pas identifié à travers les informations disponibles fournies par l’OSCE. Ce n’est même pas sûr que ce soit un acteur de l’OSCE. Le système de supervision et de contrôle du cessez-le-feu reste faible. Les informations dont je dispose à travers les media ne me permettent pas de l’identifier précisément.
Conclusion :
Le cessez-le-feu paraît un peu meilleur que les précédents, mais ce n’est toujours pas un cessez-le-feu tel qu’on pourrait l’attendre. D’une journée sur l’autre et sans prévenir, des duels d’artillerie peuvent entrainer un nouveau pic de violence de plusieurs centaines d’explosions. Est-ce vraiment ce qu’on appelle un cessez-le-feu ?
Initialement publié le 15 septembre, l’article a été complètement réécrit le 19 septembre 2017 suite aux résultats de l’étude comparative entre les données fournies par l’Armée Ukrainienne et celles fournies par l’OSCE.
Quelques liens pour mieux comprendre: