Depuis la semaine 41, il n’y a plus de statistiques sur ce site à propos de l’Ukraine.
La raison de cet abandon est que les données de base utilisées manquent de rigueur et ces statistiques n’ont pas été prises en compte ni utilisées à notre connaissance. De plus les remarques et questions vers les responsables des rapports SMM quotidiens ne sont pas correctement traités, comme si ces responsables de la communication avec les media et le public ont des choses plus importantes à faire que simplement prendre en compte les questions et remarques qui leur sont adressées.
Cela aurait du être et devrait être le travail normal de l’OSCE en Ukraine dans le cadre de la SMM mais il n’y a aucune statistique publiée équivalente. Même les définitions utilisées par l’OSCE pour compter les violations de cessez-le-feu sont opaques, inconnues pour ceux qui ne sont pas dans les quelques initiés locaux.
Quant à leur poser des questions sur leurs définitions: ils ne répondent pas. Ce sont les seuls à savoir, le public étant là simplement pour jouer la claque et applaudir à leur action.
Pour résumer ce qui se passe en Ukraine depuis la semaine 41
Les violations et explosions sont à un niveau à peu près 2 fois supérieur à celui de la semaine 41, qui lui même était 2 fois supérieur à celui de la semaine 37.
Le niveau des violations et explosions est similaire au niveau du premier semestre 2017. Il n’y a pas de données statistiques faites sur le long terme pour le confirmer, mais c’est ce qu’il apparaît après une analyse rapide.
Les officiers russes quittent le JCCC (Joint Centre for Control and Coordination)
Ce centre de contrôle parallèle au SMM (Special Monitoring Mission to Ukraine) de l’OSCE est une instance purement ukraino-russe. Elle avait un rôle mais son intégration dans un dispositif global ne s’est jamais faite complètement.
C’était apparemment le seul organisme capable d’agir, à certains moments, sur les acteurs militaires sur le terrain. Les observateurs SMM de l’OSCE se contentant d’être de simples observateurs, à la première escalade sérieuse nous ne pouvons prévoir s’il y aura quelqu’un pour modérer les acteurs sur le terrain.
Le JCCC est mort, vive le JCCC.
De toute façon, un organisme non intégré n’est pas une solution. Il y a toujours besoin de correspondants militaires auprès de chaque camp mais il faudrait au moins une structure de supervision pour les gérer.
Le principe du JCCC était louable, la réalité a été plus discutable. Quand les officiers ukrainiens et russes recomptaient chacun dans leur coin les violations et publiaient chacun un décompte incohérent de l’autre, y avait-il une valeur ajoutée ? Non
Pour tous les secteurs à déminer, la signalisation, les contacts avec les militaires et milices, ils étaient utiles et devront être remplacés par d’autres acteurs venant du monde militaire, quel que soit leur pays d’origine.
Il faudra créer la fonction d’officiers de liaison et les gérer sans recréer un organisme qui vit sa vie dans son coin.
Une trêve de Noël ?
Il y en aura bien un qui va en proposer une mais les acteurs auront-ils intégré leurs échecs et accepteront-ils de faire différemment ? Joker, nous n’avons pas la réponse sans que les acteurs se prononcent eux-mêmes sur ce qu’ils vont faire et pourquoi ils le font .
Le « Cycle des Guerres » a-t-il une influence ?
L’aggravation des violations de cessez-le-feu coïncide avec une période assez agitée au niveau international: Relance des tensions israélo-palestiniennes suite aux déclarations de Trump, tensions Corée du Nord-USA. Malheureusement les données présentes ne sont pas fiables pour conclure à un lien de cause à effet. Contrairement à 2014 où plusieurs guerres ont commencé dans une période de quelques semaines, il n’y a pas de guerre qui commence mais différents foyers de tension qui se réveillent. Nous ne pouvons pas conclure que le « Cycle des Guerres » a une influence dans cette période. Cela relève plutôt de la coïncidence.
Quelle perspective ?
Les responsables officiels du processus de Minsk ont un profil bas: personne ne s’exprime, personne ne fait le point.
Les ukrainiens et les russes suivent chacun leur chemin différent en proposant des casques bleus de l’ONU avec des missions différentes. Ces casques bleus ne règleront rien ( que ce soit à la mode russe ou ukrainienne) mais cela pourrait être mieux que le vide qui s’installera après la disparition programmée du JCCC.
Il serait bon de tout remettre à plat et de remplacer tous les dispositifs actuels par un seul. Une mission civile aurait pu réussir si elle ne croyait pas naïvement qu’il suffit d’observer pour régler le problème. L’échec qui en résultera mettra probablement fin à des missions civiles de ce type qui n’ont pas su s’adapter à la réalité terrain et obligera les observateurs à descendre de leur tour d’ivoire: ils ont mis en œuvre des principes qui avaient un sens lorsqu’ils étaient appliqués dans un contexte où d’autres acteurs gèrent la sécurité au jour le jour (Ex: Hébron où les observateurs n’avaient aucun rôle sur la sécurité quotidienne qui était prise en charge par d’autres acteurs locaux). Dans le cas présent, il faut considérer que cela relève d’un échec qu’il faut espérer ne jamais reproduire: à quoi sert l’OSCE s’il ne sait pas empêcher une guerre et mettre fin à cette guerre. Le SMM a commencé sa mission avant que n’éclate la guerre du Donbass. Le SMM a continué imperturbablement sa mission comme si de rien n’était.
Des casques bleus ou des composantes sécuritaires internationales auront un avantage: ils feront naturellement ce que les observateurs SMM ont toujours refusé de faire et qu’ils n’auraient pu faire qu’avec le JCCC, c’est à dire gérer les composantes armées localement en prenant contact avec elles (avec ou sans officiers de liaison).
Cela pourrait provoquer un répit permettant de geler complètement ce conflit, sans rien règler.
De toute façon, ce serait le bon moment pour mettre un coup de pied dans la fourmilière sans trop de soucier des conséquences en haut lieu.
19 décembre 2017
Quelques liens pour mieux comprendre:
Ukrainian news ( avec les communiqués quotidiens)