Archives de catégorie : Notes d’actualité

pour y décrire les réactions au fil de l’actualité

L’incident Russo-Ukrainien de la mer d’Azov et le cessez-le-feu

On aurait pu croire que cet incident ravive les tensions et fasse voler en éclat la fragile accalmie qui fait office de cessez-le-feu.

Rien de cela pour le moment. Le nombre de violations et d’explosions quotidiennes a plutôt diminué ces derniers jours, suivant les rapports disponibles de l’OSCE. Ces violations et explosions quotidiennes restent dans une fourchette similaire aux dernières semaines: entre une centaine et quatre cent par jour.

C’est toujours un cessez-le-feu fictif, sans leadership clairement défini, avec des acteurs plus intéressés dans le paraître que dans l’action.

  • Le SMM (Special Monitoring Mission to Ukraine) continue à se présenter comme le responsable en charge de la supervision du cessez-le-feu tout en se limitant à un rôle passif d’observateur et attendant que tous ceux dont le rôle est occulté fasse à sa place ce qu’il ne fait pas : amener les acteurs à gérer un vrai cessez-le-feu en les gérant « à la culotte », même si personne à l’OSCE ne semble considérer  que cela aurait du être leur rôle. Toujours une multitude d’actions plus ou moins utiles. Par exemple, quelques observateurs à un point de la frontière russo-ukrainienne indiquent de temps à autre qu’ils ont vu passer un convoi « humanitaire », sans avoir pu l’inspecter. Oui, et alors? A quoi cela sert-il ? Cela ne sert pas à contrôler la frontière tout en laissant croire qu’elle est « contrôlée ». Le contrôle d’un ou deux points sur la frontière ne permet pas de contrôler une frontière. Il vaut mieux laisser des choses inutiles, mais cela ne sert presque à rien. Nous n’avons pas connaissance d’une identification précise et incontestable de la nationalité des combattants sur le terrain par le SMM, pas plus que les flux réels de matériel militaire venant de Russie, et ce ne sont pas ces points d’observation sur la frontière qui donneront la moindre information fiable.
  • Le JCCC (Joint Centre for Control and Coordination) ne fait plus  beaucoup parler de lui depuis que les officiers russes sont partis. Nous n’avons pas de nouvelles fraîches de ce qu’il fait encore. Mis à part que le SMM ne manque pas de lui déléguer des actions, sous le mode YA QUA, FAUT QUON, son rôle est occulté. Il semble fonctionner, dans l’ombre. Peut-être le seul dispositif temps réel de supervision qui « marchotte ».  Je n’ai toujours pas compris qui, du SMM ou du JCCC, fait réduire les incidents quand cela dégénère. Ce n’est pas en attendant que les rapports SMM soient publiés qu’on peut espérer une action sur le terrain. Cela passe forcément par des officiers de liaison des deux camps et une supervision qui devrait exister sous la forme de PC opérationnels qui n’ont pas d’existence officielle dans les rapports communiqués par le SMM. Cela manque de comprendre qui est en charge de cette action de supervision et de coordination auprès des forces en présence. Il n’y aura pas de cessez-le-feu qui tienne sans des supervisions déportées quadrillant le terrain.
  • Le Groupe de Contact et ses diverses commissions continuent probablement à faire acte de présence: ils ont produit tant d’accords qui se superposent les uns aux autres et dont pratiquement aucun n’est complètement appliqué que c’est devenu un nœud gordien qu’il serait bon de trancher suivant la méthode d’Alexandre le Grand, histoire de tout remettre à plat. Action de type Éléphant dans un magasin de porcelaine pour donner une idée imagée de ce qu’il faudrait faire à l’ensemble des accords existants qui prétendent régir la vie sur le terrain et n’ont pas abouti à un  cessez-le-feu durable.
  • Où est le responsable de tous ces acteurs du cessez-le-feu ? On ne le voit pas, comme s’il n’y en avait pas: chacun joue des apparences pour donner l’impression qu’il est l’interlocuteur essentiel tout en se défilant sur les autres dès qu’il y a une remarque ou le simple constat que rien ne permet de dire qu’il y a un cessez-le-feu, si ce n’est qu’il reste fictif.

28 Novembre 2018

Incident en mer d’Azrov et loi martiale

Le 25 Novembre un incident sérieux a éclaté entre Ukrainiens et Russes à l’entrée de la mer d’Azrov. 3 bateaux ukrainiens ( un remorqueur et 2 bateaux militaires) ont été saisis et l’un des bateaux a été heurté par l’un des bateaux russes.

La Russie ayant déclaré unilatéralement l’annexion de la Crimée, elle considère donc que toutes les eaux territoriales de l’entrée de la mer d’Azrov sont russes.

Mais tous les pays qui ne reconnaissent pas cette annexion considèrent que la moitié de l’entrée en mer d’Azrov sont ukrainiens.

De toute façon, quelque soit le règlement du différend Ukraine-Russie, il faudra que les bateaux ukrainiens puissent passer librement sans l’arbitraire russe. Tant que ce ne sera pas le cas, ce sera une source permanente de conflit et incidents. L’Ukraine ayant une partie de son territoire en mer Azrov, il lui faut bien faire passer ses bateaux par cette entrée de la mer d’Azrov symbolisées par le pont de Crimée.

Mais même si vous admettez la justesse de la cause ukrainienne, que vient faire la loi martiale en Ukraine pendant deux mois et à 4 mois des élections ? La loi martiale n’aura aucun impact sur la marine ukrainienne, mais par contre il n’y aura plus d’élection possible et le semblant de démocratie existant sera muselé et verrouillé. Pour un pays qui n’a pas réussi à museler les démons de la corruption et de montrer la moindre transparence dans sa gestion,  cela ne va pas arranger les choses.

Quelques mauvaises langues  ne manqueront pas de dire que le pouvoir en place, qui au vu des derniers sondages n’a aucune chance d’être réélu,  va jouer les prolongations, en changeant les règles du jeu.

26 Novembre 2018

Le Retour de la guerre des 6 jours peut-il provoquer une nouvelle guerre? ?

En début d’année 2018 a été indiqué dans une note précédente que le « Retour » de la guerre des 6 jours était attendu durant la période 2018-2019.

En février la possibilité d’un tel retour n’était pas visible.

Les affrontements réguliers à la frontière Gaza-Israël depuis mars peuvent être considérés comme un signe avant-coureur de la réalité de ce retour.

Israël vient d’accuser les gardiens de la révolution iraniens d’avoir commandité les derniers tirs de roquette de Gaza vers Israël.

Cette possible extension du conflit si elle se concrétisait par d’autres incidents ailleurs qu’à la frontière de Gaza confirmerait ce retour attendu.

Si le « Cycle de guerre » est actuellement dans une phase d’atténuation rendant moins probable une nouvelle guerre israélienne, le « Retour attendu » peut être violent et provoquer une nouvelle guerre, même si le « Cycle des Guerres » est dans une période d’atténuation. Le « Retour attendu » pourrait être plus important que l’atténuation du « Cycle des Guerres »

Pour le moment, au 27 octobre 2018, le Retour attendu n’est ni marqué ni confirmé. Il ne le sera que si les violences n’étaient pas limitées à Gaza.

Cette confrontation quasi permanente entre Israël et Gaza s’entretient elle-même par le comportement des deux acteurs.  En passant son temps à menacer, à fermer les passages et étrangler Gaza économiquement et politiquement, Israël oblige les acteurs de Gaza à réagir et donc encourager les affrontements actuels. En laissant faire les affrontements à la frontière, les acteurs de Gaza encouragent Israël à l’escalade militaire.

Les 3 mois qui viennent pourraient être marqués par le « Retour »

27 octobre 2018

2018-2019: le Retour attendu de la guerre des 6 jours de 1967 dans le conflit Israélo-arabe

2018 est considéré comme une année charnière dans le devenir d’Israël dans le monde arabe.

Aucun événement n’est arrivé pour le moment qui justifie de lui donner cette importance, mais regardez bien ce qui va se passer et attendons 2019 pour le confirmer.

La guerre des 6 jours a été structurante pour la tranche d’Histoire de 1967 à 2018.

2018-2019 pourrait avoir la même importance pour les 25 années à venir.

L’affirmer est la simple prise en compte des « Retours du passé »

25 et 50 ans sont les  occurrences les plus probables d’un tel retour. Ce serait un retour de 50 ans.

Que se passera-t-il ? Pas forcément une guerre, mais un événement majeur …

Il peut se passer un « Retour positif », c’est à dire la même chose qu’il y a un peu plus de 50 ans, qui confirmerait la main-mise définitive d’Israël sur une série de territoires conquis militairement en 1967

Il peut se passer un « Retour négatif », c’est à dire l’inverse qui signifierait le début d’un processus de restitution des territoires occupés en 1967.

Il peut aussi y avoir simultanément ou alternativement  un « Retour positif » et un « Retour négatif ». Fin 2017, le « Retour positif » a commencé avec le transfert de l’ambassade US à Jérusalem. Au 24 février 2018, le « Retour négatif » n’a pas encore commencé. Il peut arriver durant l’année qui vient. La forme que prendra cet événement n’est pas encore clairement  définie, mais pourrait déclencher un processus qui permettrait de trouver à ces acteurs du conflit israélo-arabe un équilibre leur permettant de construire un avenir commun.

Quelle probabilité d’occurrence en 2018  ? Un peu plus de 50%: une chance sur deux qu’il soit une réalité, même si maintenant on ne voit rien de tel qui apparaisse clairement possible prochainement.

 

24 Février 2018

Ukraine 2018 semaine 5: cessez-le-feu en yoyo

Il en va ainsi depuis plusieurs semaines: montée progressive du nombre de violations et d’explosions jusqu’à un niveau insupportable.

Brusque accalmie provoquée par les acteurs locaux, suivie d’un relâchement progressif.

… et ainsi de suite.

Aucune avancée politique, aucune avancée dans le management du cessez-le-feu.

Les acteurs qui agissent réellement en provoquant de temps à autre une accalmie ne vont pas jusqu’au bout:  il n’en reste aucun système de supervision du cessez-le-feu crédible et pérenne. Cela tourne probablement autour des acteurs officiellement en charge de cette supervision du cessez-le-feu qui n’est pas vraiment géré.  Il y a des observateurs qui observent et  ????? Ce n’est pas clair qui agit. Les communiqués de l’OSCE ne sont d’aucune utilité pour savoir qui fait quoi en ce moment.

Cela peut durer ainsi des mois et même des années

29 janvier 2018

Quelques liens pour mieux comprendre:

Ukrainian news ( avec les communiqués quotidiens)

OSCE Ukraine Daily report

Cessez-le-feu et contrôle

 

Ukraine 2018 semaine 2: Retour à la situation antérieure à la dernière trêve

Cessez-le feu de Noël et du nouvel an: c’est déjà fini

Le cessez-le-feu qui a été instauré le 23 décembre par le Groupe de contact tripartite a provoqué une accalmie réelle pendant quelques jours, mais il n’y a déjà plus de différence avec la situation antérieure au 23 décembre

Le nombre de violations et d’explosions est redevenu très important : plus de 600 explosions le 11 janvier pour le seul secteur de Donetsk. 42 explosions pour le secteur de Luhansk le même jour ( voir rapport SMM du 12 janvier sur la journée du 11 janvier)

 

Pourquoi  cette trêve a-t-elle été si courte ?

Difficile de savoir précisément, mais le départ des officiers russes du JCCC doit y être pour quelque chose. Jusqu’à leur départ, on voyait régulièrement, tout les 3 ou 4 jours, une situation un peu plus calme, comme si certains acteurs rappelaient aux composantes militaires locales qu’il y avait un cessez-le-feu. Plus rien de tout cela, cela donne l’impression que la moindre bavure provoque une escalade.

La situation est conforme à ce que disent les observateurs SMM: ils observent, et n’agissent pas. La simple observation n’a jamais suffi à ramener un cessez-le-feu entre des composantes peu disciplinées.

Et il n’y a plus personne pour tenter de calmer les esprits contre l’avis des acteurs de l’OSCE.

Jusqu’à quand ? Comme d’habitude, quand cela atteindra des proportions inquiétantes (plus de 1000 explosions par jour), tout ce beau monde reproposera une nouvelle trêve qui ne sera pas beaucoup plus respectée que les précédentes, puisque les acteurs en charge de la supervision du cessez-le-feu considèrent que ce n’est pas leur rôle de faire quoi que ce soit, mais simplement d’observer.

Regarder un incendie n’a jamais suffi à l’éteindre, mais les doctes experts de l’OSCE considèrent que leur seul rôle est d’observer: ils observent la dégradation de la trêve. Le résultat est à la hauteur de ce qu’ils font: observer.

 

13 janvier 2018

Quelques liens pour mieux comprendre:

Ukrainian news ( avec les communiqués quotidiens)

OSCE Ukraine Daily report

Cessez-le-feu et contrôle

 

Ukraine 2018 semaine 1 : Pourquoi le cessez-le-feu est-il respecté dans le secteur de Luhansk?

Cessez-le feu de Noël et du nouvel an: une nouvelle accalmie

Le cessez-le-feu qui a été instauré le 23 décembre par le Groupe de contact tripartite a provoqué une accalmie réelle.

Le nombre de violations et d’explosions est équivalent à ce qui a été constaté fin août 2017- début septembre 2017 au moment de la mise en place de la trêve de la rentrée scolaire.

Le nombre d’explosions journalières est généralement inférieur à 100.

Le nombre d’attaques signalées journalièrement par l’armée ukrainienne est faible (généralement inférieur à 10), montrant une volonté de les minimiser.

Mais cela reste une simple accalmie

Pourquoi le secteur de Luhansk est-il très calme, presque un cessez-le-feu ?

Il y a un contraste saisissant entre le secteur de Luhansk et le secteur de Donetsk. Le premier est très calme, le second reste chaotique.

Le premier donne l’impression d’être contrôlé, le second ne l’est pas et ne semble pas être prêt d’être contrôlé. Pourquoi ?

  • les combattants du secteur de Luhansk sont-ils plus disciplinés pour respecter  le cessez-le-feu ?
    Probablement, mais cela ne correspond pas à des informations prises en compte par les observateurs OSCE dans leurs rapports.
  • Y a-t-il une coordination institutionnelle entre les combattants séparatistes LPR et l’armée ukrainienne dans ce secteur ?
    La proximité du centre JCCC qui jouxte le secteur de Luhansk permet de considérer cette hypothèse comme légitime, mais là encore les rapports des observateurs OSCE ne disent rien sur un tel sujet: les rapports ne décrivent jamais autre chose que les seules actions des observateurs OSCE. Ces rapports sont « OSCEcentriques », incapables de décrire une autre réalité que la leur.

Le secteur de  Donetsk n’est toujours pas correctement contrôlé

Pourquoi ?

Les hypothèses sont les suivantes:

  • les combattants DPR sont peu entrainés, peu structurés et peu disciplinés
    Cela paraît une évidence mais là encore les rapports SMM ne permettent pas de le mettre en évidence.
  • Il n’y a pas de coordination institutionnalisée entre les combattants DPR et l’armée ukrainienne
    Cela paraît une évidence mais cela fâche les acteurs qui le nient et prétendent même que cela ne servirait à rien
  • Les observateurs OSCE se contentent d’un rôle d’observation sans jamais interagir avec les composantes armées du secteur de Donetsk
    Cela paraît une évidence mais institutionnellement les observateurs SMM n’utilisent jamais en temps réel leurs observations ( c’est à dire dans l’heure qui suit l’incident) et mettent leur point d’honneur à ne faire aucune investigation. Conclusion : ils ne savent pas exactement l’origine des incidents et se refusent à enquêter immédiatement dans l’heure qui suit : ils enquêtent sur des traces qui remontent à plusieurs jours, voire semaines, ce qui ne sert à rien)

Malheureusement les acteurs officiellement en charge de la supervision du cessez-le-feu ne sont pas de grande utilité pour confirmer l’une ou l’autre hypothèse.

Conclusion :

Ce qui est certain c’est que ce n’est qu’une simple accalmie, pas un cessez-le-feu, le dispositif mis en place se révélant inadapté pour superviser un cessez-le-feu. C’est une grande utopie, dans le cas de combattants indisciplinés, que de croire qu’il suffit d’observer pour maintenir un cessez-le-feu.  Cela ne pourrait marcher qu’avec 2 armées disciplinées, ce qui n’est pas le cas en Ukraine. Au minimum il faudrait passer son temps à vérifier avec les combattants sur place ce qui se passe et leur  rappeler ce qu’ils doivent faire. Les informations dont je dispose ne permettent pas de confirmer qu’un tel minimum existe. Peut-être dans le secteur de Luhansk,  mais pas dans le secteur de Donetsk.

4 janvier 2018

Quelques liens pour mieux comprendre:

Ukrainian news ( avec les communiqués quotidiens)

OSCE Ukraine Daily report

Cessez-le-feu et contrôle

 

Ukraine semaine 52: ça bouge

Un nouveau cessez-le-feu  a commencé le 23 décembre

Cela fait maintenant partie des traditions. A l’occasion d’une fête ou d’un événement, le groupe de contact tripartite instaure un cessez-le-feu, jusqu’à ce qu’il s’effondre à nouveau et on recommence : une petite accalmie gagnée.

Pour les premiers jours, il est à peu près respecté. Comme d’habitude chacun accuse l’autre des violations constatées.

Les observateurs SMM  ont bien vérifié que le cessez-le-feu a été retransmis par les différentes hiérarchies, mais on ne voit pas de système de supervision permanent. Probablement un simple système d’observation passif, avec la confusion habituelle : il suffit d’observer pour croire qu’on agit.

Le plus étrange est que le retrait des officiers russes du JCCC n’a aucun impact visible sur le cessez-le-feu. On aurait pu supposer qu’ils étaient partiellement responsables du fait que les cessez-le-feu tenaient mieux dans la région de Luhansk. Pas vu de différence!

Le secrétaire d’Etat américain est en retard d’un métro: il vient d’exhorter les russes a  baissé le niveau de violence en Ukraine alors que depuis quelques jours le niveau est le plus bas depuis plusieurs mois. Est-il informé de ce qui se passe en temps réel ? Un retard à l’allumage, visiblement.

Echange de prisonniers

Le 27 décembre, il y a eu un échange de prisonniers entre les séparatistes et l’Ukraine, par le biais de la Russie, avec apparemment une implication directe de Poutine et du président ukrainien. Du jamais vu : 73 prisonniers ukrainiens libérés par les séparatistes contre 233 libérés par l’Ukraine.

Vont-ils ressusciter un processus moribond ?  A suivre

28 décembre 2017

Quelques liens pour mieux comprendre:

Ukrainian news ( avec les communiqués quotidiens)

OSCE Ukraine Daily report

Cessez-le-feu et contrôle

 

Ukraine semaine 51: en attendant un autre système de supervision du cessez-le-feu

Depuis la semaine 41, il n’y a plus de statistiques sur ce site à propos de l’Ukraine.

La raison de cet abandon est que les données de base utilisées manquent de rigueur et ces statistiques n’ont pas été prises en compte ni utilisées à notre connaissance. De plus les remarques et questions vers les responsables des rapports SMM quotidiens ne sont pas correctement traités, comme si ces responsables de la communication avec  les media et le public ont des choses plus importantes à faire que simplement prendre en compte les questions et remarques qui leur sont adressées.

Cela aurait du être et devrait être le travail normal de l’OSCE en Ukraine dans le cadre de la SMM mais il n’y a aucune statistique publiée équivalente. Même les définitions utilisées par l’OSCE pour compter les violations de cessez-le-feu sont opaques, inconnues pour ceux qui ne sont pas dans les quelques initiés locaux.

Quant à leur poser des questions sur leurs définitions: ils ne répondent pas. Ce sont les seuls à savoir, le public étant là simplement pour jouer la claque et applaudir à leur action.

Pour résumer ce qui se passe en Ukraine depuis la semaine 41

Les violations et explosions sont à un niveau à peu près 2 fois supérieur à celui de la semaine 41, qui lui même était 2 fois supérieur à celui de la semaine 37.

Le niveau des violations et explosions est similaire au niveau du premier semestre 2017. Il n’y a pas de données statistiques faites sur le long terme pour le confirmer, mais c’est ce qu’il apparaît après une analyse rapide.

Les officiers russes quittent le JCCC (Joint Centre for Control and Coordination)

Ce centre de contrôle parallèle au SMM (Special Monitoring Mission to Ukraine) de l’OSCE est une instance purement ukraino-russe. Elle avait un rôle mais son intégration dans un dispositif global ne s’est jamais faite complètement.

C’était apparemment le seul organisme capable d’agir, à certains moments, sur les acteurs militaires sur le terrain. Les observateurs SMM de l’OSCE se contentant d’être de simples observateurs, à la première escalade sérieuse  nous ne pouvons prévoir s’il y aura quelqu’un pour modérer les acteurs sur le terrain.

Le JCCC est mort, vive le JCCC.

De toute façon, un organisme non intégré n’est pas une  solution.  Il y a toujours besoin de correspondants militaires auprès de chaque camp mais il faudrait au moins une structure de supervision pour les gérer.

Le principe du JCCC était louable, la réalité a été plus discutable. Quand les officiers ukrainiens et russes recomptaient chacun dans leur coin les violations et publiaient chacun un décompte incohérent de l’autre, y avait-il une valeur ajoutée ? Non

Pour tous les secteurs à déminer, la signalisation, les contacts avec les militaires et milices, ils étaient utiles et devront être remplacés par d’autres acteurs venant du monde militaire, quel que soit leur pays d’origine.

Il faudra  créer la fonction d’officiers de liaison et les gérer sans recréer un organisme qui vit sa vie dans son coin.

Une trêve de Noël ?

Il y en aura bien un qui va en proposer une mais les acteurs auront-ils intégré leurs échecs et accepteront-ils de faire différemment ? Joker, nous n’avons pas la réponse sans que les acteurs se prononcent eux-mêmes sur ce qu’ils vont faire et pourquoi ils le font .

Le « Cycle des Guerres » a-t-il une influence ?

L’aggravation des violations de cessez-le-feu coïncide avec une période assez agitée au niveau international: Relance des tensions israélo-palestiniennes suite aux déclarations de Trump, tensions Corée du Nord-USA. Malheureusement les données présentes ne sont pas fiables pour conclure à un lien de cause à effet. Contrairement à 2014 où plusieurs guerres ont commencé dans une période de quelques semaines, il n’y a pas de guerre qui commence mais différents foyers de tension qui se réveillent. Nous ne pouvons pas conclure que le « Cycle des Guerres » a une influence dans cette période. Cela relève plutôt de la coïncidence.

Quelle perspective ?

Les responsables officiels du processus de Minsk ont un profil bas: personne ne s’exprime, personne ne fait le point.

Les ukrainiens et les russes suivent chacun leur chemin différent en proposant des casques bleus de  l’ONU avec des missions différentes. Ces casques bleus ne règleront rien ( que ce soit à la mode russe ou ukrainienne) mais cela pourrait être mieux que le vide qui s’installera après la disparition programmée du JCCC.

Il serait bon de tout remettre à plat et de remplacer tous les dispositifs actuels par un seul. Une mission civile aurait pu réussir si elle ne croyait pas naïvement qu’il suffit d’observer pour régler le problème. L’échec qui en résultera mettra probablement fin à des missions civiles de ce type qui n’ont pas su s’adapter à la réalité terrain et obligera les observateurs à descendre de leur tour d’ivoire: ils ont mis en œuvre des principes qui avaient un sens lorsqu’ils étaient appliqués dans un contexte où d’autres acteurs gèrent la sécurité au jour le jour (Ex: Hébron où les observateurs n’avaient aucun rôle sur la sécurité quotidienne qui était prise en charge par d’autres acteurs locaux). Dans le cas présent, il faut considérer que cela relève d’un échec  qu’il faut espérer ne jamais reproduire: à quoi sert l’OSCE s’il ne sait pas empêcher une guerre et mettre fin à cette guerre. Le SMM a commencé sa mission avant que n’éclate la guerre du Donbass. Le SMM a continué imperturbablement sa mission comme si de rien n’était.

Des casques bleus ou des composantes sécuritaires internationales auront un avantage: ils feront naturellement ce que les observateurs SMM ont toujours refusé de faire et qu’ils n’auraient pu faire qu’avec le JCCC, c’est à dire gérer les composantes armées localement en prenant contact avec elles (avec ou sans officiers de liaison).

Cela pourrait provoquer un répit permettant de geler complètement ce conflit, sans rien règler.

De toute façon, ce serait le bon moment pour mettre un coup de pied dans la fourmilière sans trop de soucier des conséquences en haut lieu.

 

19 décembre 2017

Quelques liens pour mieux comprendre:

Ukrainian news ( avec les communiqués quotidiens)

OSCE Ukraine Daily report

Cessez-le-feu et contrôle

 

Israël : Le retour attendu de la guerre des 6 jours et la fin du cycle d’amplification

Dans le conflit israélo-arabe nous sommes dans une période particulière où s’appliquent à la fois « Le Cycle des Guerres » et la « Théorie du Retour »

Cycle des Guerres appliqué au conflit israélo-arabe

Dans la mise à jour qui remonte au début 2017 ( consultable ici ) il y a un « ? » sur la fin de la période d’amplification qui se termine dans les premières semaines de janvier 2018.

  • Il a été constaté plusieurs guerres sur la période d’amplification précédente et le risque d’une seconde guerre sur cette période n’est pas à écarter
  • Il a été constaté dans les années 2001 à 2003 que les début et fin de période d’amplification peuvent donner lieu à une brusque poussée de violences. Ce n’est pas systématique et pas assez fréquent pour avoir été systématisé. Il reste un risque d’amplification des violences voire du déclenchement d’une guerre avec une probabilité difficilement quantifiable

L’annonce  aujourd’hui de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël arrive donc dans une période d’amplification où les répercussions sont imprévisibles mais peuvent déclencher un nouveau cycle de violences, voire guerre. Une unification conjoncturelle et temporaire des ennemis en Irak et en Syrie n’est pas totalement exclue, bien qu’improbable par rapport à la guerre qui continue de les animer. Tout va dépendre de l’enchainement des protestations et violences engendrées par cette déclaration.

Il serait plus logique de dire que chaque État peut déclarer comme capitale une partie de son territoire reconnu internationalement. Un règlement sur la base d’une solution à deux États aboutirait nécessairement à une partie  de Jérusalem (hors la vieille ville) qui sera israélienne et une autre partie qui sera palestinienne. Dès lors que cette séparation est admise internationalement, chaque État peut mettre sa capitale où  il veut et il n’est pas impossible, après un règlement final, que la Capitale d’Israël soit Jérusalem et la Capitale de l’État de Palestine Jérusalem.

Mais affirmer que la capitale d’Israël est Jérusalem en laissant sous-entendre que la vieille ville de Jérusalem et sa  partie Est font partie d’Israël est le plus sûr moyen de mettre le feu aux foudres et de cimenter l’unité des ennemis d’hier contre Israël.

Théorie du Retour appliquée à la guerre des 6 jours

La guerre des 6 jours peut produire un « Retour du passé » (celui des 50 ans et quelques) qui peut:

  • provoquer un événement de même type ( confirmant l’annexion de fait de 1967)
  • ou/et un événement contraire ( mettant en cause le résultat militaire de la guerre des 6 jours)

Ce « Retour du passé » est attendu depuis quelque temps. Il devrait avoir lieu et sa probabilité d’occurrence est entre maintenant et la fin 2018.

L’annonce de Donald Trump quant à la capitale d’Israël et Jérusalem va provoquer un événement  de même type (confirmation du résultat de la guerre des 6 jours) probablement contrebalancé très rapidement par un événement contraire ( Intifada 3 ou première guerre/violence simultanée Palestiniens-Hezbollah)

Les conséquences sont à court terme imprévisibles.

Croire que les réactions qui vont suivre vont contraindre les USA à engager un processus de règlement global israélo-arabe paraît peu probable à l’instant.

Il faudra attendre quelques semaines, voire quelques mois pour avoir une tendance confirmée de ce qui  va se passer. Cela pourrait osciller d’abord entre les extrêmes pendant quelques semaines ou mois et déclencher ensuite un bouleversement régional dont le contour n’est pas encore bien clair.

Dans tous les cas, l’année 2018 sera une année charnière pour Israël et ses voisins, celle qui déterminera le début d’un processus déterminant l’avenir des relations entre les acteurs concernés pendant les dizaines d’années qui suivront.

Ce qui va se passer en fin 2017 n’est qu’un avant goût qui ne permettra pas encore de confirmer l’événement majeur de 2018 qui sera structurant pour les années à venir.

A suivre!

6 décembre 2017